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LES POISSONS

Ainsi, fait remarquable ! la bricole que nos pêcheurs ont presque abandonnée, la bricole que, nous, nous recommandons comme un des perfectionnements de la pêche à venir, la bricole était probablement l’hameçon préféré et le plus employé par nos pères !

Tout nous prouve d’ailleurs que l’art de la pêche était en grand honneur parmi ces populations, et poussé aussi loin que leur mode d’outillage le leur permettait, mais certainement plus loin que beaucoup d’auteurs ne le soupçonnent. Ainsi l’emploi de la flotte leur était parfaitement familier, et nous n’avons pas eu de peine à en reconnaître un grand nombre, de formes et de grosseurs différentes, rangées parmi les objets curieux que les fouilles ont ramenés au jour. Ces flottes étaient en bois léger, tilleul, saule ou tremble — la décomposition à demi charbonneuse du bois rend la détermination de son espèce difficile — et de la forme d’une olive ou de deux troncs de cône opposés par la base, que les pêcheurs campagnards donnent encore à un bouchon lorsqu’ils le taillent pour le convertir en flotte grossière. Ces flottes sont assez grosses, la plupart approchent du volume d’un œuf de poule ; ce fait nous amène à déduire deux conséquences : la première, que la ligne devait être lourde, ce dont nous ne doutons pas un moment en pensant qu’elle était faite de tiges végétales grossières, perméables à l’eau, et réunies d’une manière très superficielle ; la seconde, que la pêche se faisait à fond, par conséquent avec une ligne longue et destinée à aller chercher dans leurs retraites les poissons les plus forts. La grosseur de l’hameçon indiquait d’ailleurs le choix de ces proies et rendait la pêche à la ligne propre seulement aux grosses espèces. Il est probable que certaines autres flottes de bois plus considérables, rapprochées, de frêne, rondes, oblongues et perforées (fig. 69), indiquent l’emploi de filets qui servaient à capturer les espèces littorales de moindre dimension.

Nous avons fait remarquer que les hameçons actuels étaient simples de forme et qu’ils se décomposaient en plusieurs parties dont chacune a son nom : la hampe ou la plus grande branche, le coude ou la partie courbée, la pointe ou la plus petite branche, celle qui est acérée et munie d’une barbe relevée en sens inverse, laquelle retient l’instrument dans les chairs resserrées sur elles, après le passage de la pointe principale. La manière dont sont construits les hameçons soignés, des plus petits numéros, est très importante comme emploi, et remarquable comme difficulté vaincue : certains de ces engins sont de véritables chefs-d’œuvre de précision.

En énumérant les diverses parties constitutives de l’hameçon, il n’est pas besoin de faire remarquer que la valeur finale de l’instrument dépend autant de la relation, de la proportion la meilleure entre ces parties principales, que de la matière même qui sert à composer l’instrument. Nous avons examiné à chacun des mots palette, hampe, dard, courte-queue, les