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LES POISSONS

qui, pour être vaillante, n’en est pas moins inférieure au roi des poissons convoité par le pêcheur au lancer. Arrivez-vous au mois d’août en eau saumâtre, il faudra vous contenter de truites de trois à quatre livres, les grosses pièces faisant alors l’ascension des rapides et gagnant les ruisseaux des montagnes pour y faire leur ponte. Il a été dit que la truite de mer dans son ascension des rivières ne dépasse jamais la ligne de haute marée. C’est une erreur grossière détruite par une expérience et des faits répétés dans l’ancien et le nouveau monde. Où irait-elle frayer, lorsqu’il est reconnu que le contact de l’eau de mer est funeste à ses œufs ? Comment expliquerait-on son hybridation avec les truites communes et les saumons cambriens qui fraient dans les eaux pures des sources jaillissant du flanc des montagnes ?


De la Blanchère nous dit que « ce poisson quitte la mer au milieu du printemps, et remonte les fleuves jusqu’à leur source ; il fraie dans les lacs et ruisseaux à eaux vives des montagnes. » Barnwell, qui a pêché dans nos rivières, vient à l’appui en ces termes : « J’ai pris des truites de mer, en rivière, bien au-dessus de la ligne de haute marée, et j’affirme avec connaissance de cause, que, généralement, sinon invariablement, les plus grosses truites remontent jusqu’aux sources des cours d’eau des montagnes pour y frayer. »

On sait qu’il est dans les habitudes de la truite de rechercher les eaux fraîches, durant les grandes chaleurs de l’été, et nos truites communes s’entassent alors à l’entrée des ruisseaux qui alimentent les lacs qu’ils habitent ou qui se dégorgent dans la passe où elles ont fait halte dans leurs migrations.


DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DE LA TRUITE DE MER AU CANADA


En parlant du saumon, nous avons vu qu’il remontait le fleuve Saint-Laurent jusqu’à la rivière Saint-François, affluent du lac Saint-Pierre. Quoique la truite de mer accompagne généralement le saumon de l’Atlantique, cette fois elle l’abandonne dans les eaux du majestueux Saguenay, mais jusque-là, depuis l’Océan, de rivière en rivière, comme de salon en salon, elle reçoit, de concert avec lui, la visite et les assiduités des pêcheurs et des sportsmen des deux continents. Sur la grande avenue du Saint-Laurent, cent portes leur sont ouvertes, au nord et au sud, pour la plus large hospitalité. Faut-il répéter ici ce que nous avons dit déjà du Saguenay, du Saut-au-Cochon, de la rivière Saint-Jean, de Moisie, de Mingan, de Natashquan, de Métapédia, Cascapédia, Nipissiguit, Ristigouche, Casups-