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LA TRUITE DE MER

mer, la coloration de sa chair en rouge qui passe promptement au rose et au blanc à son arrivée dans les eaux fluviales. Entre la truite et le saumon, il existe cette différence que la truite mord tandis que le saumon jeûne dans les eaux saumâtres. En eau douce comme en eau salée et en eau saumâtre, la truite maintient sa réputation de voracité extrême, incomparable. Au fond des mers, elle se nourrit de chair vive, en eau saumâtre elle mange tout aliment que lui fournissent l’air et l’eau. Plus d’un auteur sont d’avis que le saumon s’abstient de toute nourriture en quittant la mer. Il a l’air de happer des mouches, des libellules, des papillons surtout ; mais ceux qui ont ouvert son estomac l’ont trouvé absolument vide. S’il fait la guerre aux insectes, c’est qu’il voit en eux des ennemis qui s’attaquent à ses œufs, qui menacent sa progéniture.


Fig. 61. — La TRUITE DE MER D’EUROPE (Sea Trout from Europe).


La truite de mer fraie aux mois de novembre, décembre et janvier, et prolonge souvent son séjour en eau douce durant plus d’une année. On prétend-qu’elle dévore les œufs du saumon, sans qu’il y ait de preuve à l’appui de pareille accusation. Leur accouplement avec la truite commune est accepté comme un fait avéré et donnant des hybrides féconds entre eux ou avec leurs parents.


« Dans le pays de Galles, dit de Brehm, on trouve de nombreux hybrides entre la truite de rivière et le saumon cambrien ; on connaît également des hybrides entre la truite de rivière et la truite de mer, entre la truite de rivière et les ombres, entre le saumon et l’ombre chevalier. »

La truite de mer de forte taille accompagne le saumon dans la remonte des fleuves, au grand désagrément des pêcheurs à la ligne dont elle happe les mouches avec autant d’agilité que de voracité. Le sportsman a cru sentir l’attaque d’un maître saumon et n’a enferré qu’une truite de mer