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LES POISSONS

de rigueur, vous trouvez, sur le souvenir symbolique de Gifu, le pêcheur de cormorans, debout, éclairé par la lueur du brasier, tenant en laisse onze oiseaux qui nagent et faisant rendre gorge au douzième des « haï » que le gourmand avait eu la prétention de s’approprier.

Quant au poisson lui-même, si vous croyez ne pas l’avoir suffisamment apprécié sur la table de l’hôtel, vous n’étonnerez pas les Japonais en demandant à apporter votre part de pêche sous la forme de quelque bourriche.

Enfin, si vous voulez un souvenir plus durable, entrez chez le grand fabricant de lanternes, l’eshigawara Favjiro, qui vous tendra malheureusement, comme un homme au courant des choses modernes, un véritable prospectus rédigé en anglais, dans lequel sont relatés les inventions et les perfectionnements dont il se déclare l’auteur avec aussi peu de modestie qu’un Mangin européen. Ne vous arrêtez pas à ce boniment, et, tout en rejetant cette attache trop civilisée, achetez-lui pour votre antichambre quelques-unes de ces charmantes, véritables œuvres d’art, à double enveloppe de papier, sur lesquelles des peintures très finement détaillées vous rappelleront chaque soir la pêche des cormorans de Gifu.


PORTRAIT DE LA TRUITE COMMUNE


Après avoir étudié consciencieusement les auteurs en renom qui ont parlé de la truite, je me suis arrêté au portrait suivant qui me paraît rendre aussi exactement que possible les traits de la truite commune, dû à la plume de Brehm.


« La truite commune, très connue de tous les pêcheurs, a le corps généralement comprimé, médiocrement allongé, couvert de petites écailles. En dessus, la tête est large ; elle est sorte, le museau est gros, obtus, plus ou moins arrondi, la bouche largement ouverte, la mâchoire supérieure étant ordinairement plus avancée que l’inférieure ; les deux mâchoires sont garnies de dents crochues. La dorsale se compose de trois ou quatre rayons simples et de neuf à onze rayons branchus, l’anale de trois rayons simples et de sept à neuf rayons divisés ; chez les individus jeunes, la caudale est fourchue, tandis qu’elle est coupée à peu près carrément chez les individus adultes.

Rien n’est variable comme le système de coloration ; la nature des eaux, le fond, l’alimentation, la température exercent une influence des plus marquées sur cette coloration et sur la taille. « On est embarrassé, écrit Ischudi, lorsque l’on veut indiquer la coloration de la truite de