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LES POISSONS
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maîtresse, déployant ses grâces, étalant son brillant costume de noces, pendant que, tranquille et comme rêveuse, elle tient tête au courant en n’agitant ses nageoires que juste ce qu’il faut pour ne pas se laisser entraîner. À Waterville (Wisconsin) j’ai eu l’occasion d’observer leurs agissements. Un couple de belles truites avait choisi, pour y faire son nid, un endroit près de la rive du ruisseau où il y avait environ dix pouces d’eau. Au moyen de sa queue et de l’anale, la femelle avait nettoyé le gravier du limon qui le couvrait, et il brillait au soleil de tout l’éclat de la propreté ; elle avait déjà tracé un sillon, lorsque mon arrivée soudaine sur la rive la fit abandonner ses travaux et s’éloigner précipitamment, suivie du mâle. Je me cachai alors derrière une touffe d’arbousiers d’où je pouvais les observer à souhait sans les effrayer. Le mâle revint le premier pour s’assurer de l’état des choses, et après avoir constaté qu’il n’y avait plus personne sur la rive, qu’il n’y avait rien à craindre, il retourna vers sa belle pour l’engager à revenir au nid ; mais il fallut la solliciter pendant plus d’une demi-heure avant qu’elle se décidât. À demi cachée sous les herbes marines, à quelque distance de son brillant chevalier, elle hésite, elle doute que le danger soit disparu ; et lui, sous sa parure de noces, ne cesse d’aller et venir, du nid à sa maîtresse, et de sa maîtresse au nid, en se frôlant contre elle, pour aller ensuite faire un circuit qui l’amène jusqu’auprès de la rive, comme pour lui montrer qu’elle n’a rien à redouter en s’en rapprochant. Tant d’empressement et de zèle eurent leur récompense : la belle finit par revenir au nid. »


Fig. 59. — Œufs et alevin de la truite, avec vésicule ombilicale.


On a vu que les œufs de la truite sont comparativement peu nombreux. Il ne manque pas de poissons de plus petite taille qui portent dix fois autant d’œufs ; mais il faut tenir compte de l’extrême grosseur de ces