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DES POISSONS

l’écaille ; dans tous les cas, quand elles sont enlevées, elles se régénèrent avec une extrême lenteur, au moins sur les poissons d’eau douce. La plaie, dans une eau très vive, se cicatrise et reste souvent vive. Dans une eau dormante ou moins pure, la place privée d’écailles se couvre de mucosités qui se revêtent de mousses parasites semblables aux moisissures blanches, et l’animal meurt au bout d’un temps plus ou moins long, suivant la quantité plus ou moins grande d’écailles enlevées. Dans la majeure partie des poissons, l’écaille est couverte, en portions du moins, par une membrane transparente excessivement mince et résistante, qui la retient dans le follicule qui lui a donné naissance.

Fig. 10. — Écaille de la tanche commune, prise sur les flancs. Fig. 11. — Écaille de la tanche commune, prise ligne latérale.

En parlant des écailles des poissons, n’oublions pas la ligne latérale, plus ou moins courte en dessus et en dessous, interrompue ou capricieuse. Bien peu de personnes savent apprécier l’importance du rôle que joue dans l’économie physiologique du poisson cette double ligne tracée sur ses flancs.

« Les poissons, dit de Kay, présentent sur la surface de leur corps diverses ouvertures servant à répandre une liqueur visqueuse analogue à l’huile ou à la gélatine, et qui, en enduisant tout l’extérieur de l’animal, empêche l’eau de filtrer au travers de ses téguments, et donne à ses mouvements la souplesse et le glissement, dans l’eau, d’une surface que l’eau ne peut mouiller.

Fig. 12. — Écaille cycloïde. Fig. 13. — Écaille cténoïde.


« Le nombre, la forme et la position des canaux qui apportent à l’extérieur cette matière élaborée dans des organes spéciaux, sont différents suivant les espèces. Ces organes sécréteurs sont souvent distribués dans différentes parties de la tête, chez le brochet par exemple, au-dessus et tout autour des mâchoires inférieures. Mais ces orifices forment, surtout chez les poissons revêtus d’écailles visibles, une ligne sur chaque côté du corps, appelée ligne latérale, et partant de la tête pour se rendre jusqu’à la caudale. Les écailles qui tracent cette ligne varient comme position, comme couleur et comme grandeur, suivant les espèces. Dans les poissons munis

Fig. 14. — Écaille ganoïde. Fig. 15. — Écaille placoïde.