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LES POISSONS

TRANSFORMATION DU SAUMON

Le temps ordinaire pour que les parrs se changent en smolts, est de deux ans pleins, au moins ; cependant, on en voit qui opèrent ce changement dès la première année ; mais ceci n’est qu’une exception, produite vraisemblablement par une abondance extraordinaire de nourriture, ou des circonstances que nous ne connaissons pas encore.

La plus grande partie des parrs restent parrs, à la fin de la première année, et passent encore la seconde dans les eaux douces qui les ont vus naître, sans changer de lieu, conservant toujours les bandes qu’on pourrait appeler les langes caractéristiques de l’enfance. Quelques-uns mettent même trois ans à rompre leurs lisières.

Fig. 55. — LE SMOLT.


Les smolts descendent à la mer, les uns en juin, les autres plus tard, par petites troupes de quarante à soixante individus ; ceux qui n’ont pas la force de les suivre les regardent partir, sans doute, avec envie : les grands courants, les endroits rapides qu’ils entendent mugir, de leur dixième ou quinzième étage, leur font d’autant plus peur, qu’ils se sentent moins de force pour les remonter. Aussi, ceux qui partent, tout hardis qu’ils sont à la descente, dès qu’ils se voient emportés par le courant, rien n’est plus curieux que de les voir exécuter un leste demi-tour à droite ou à gauche, pour faire tête au courant et se laisser choir à propos dans un remous.

Arrivés à la partie du cours d’eau natal où le mélange des eaux devient saumâtre, les smolts passent quelques jours à s’acclimater ; puis, d’un coup de queue, ils disparaissent, en prenant le chemin de la grande eau.

Deux mois après, on les retrouve, curieux de revoir le lieu de leur