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LE SALMO SALAR ou SAUMON COMMUN

presque tous à des particuliers ; quelques rares lots en face desquels il existe de bonnes places de pêche sont encore disponibles.

« Les rives de la Ristigouche, sur une grande partie de son cours, sont tellement élevées et escarpées qu’il est impossible de les rendre propres à la culture, ce qui ne serait pas désirable du reste, à cause du tort que cela ferait à la pêche. Les terres ont une certaine valeur comme terres à bois ; le bouleau blanc et le peuplier, bois de plus en plus en demande pour la fabrication des bobines, et le cèdre, s’y trouvent en quantité notable.

« En 1873, on a pris dans la Ristigouche 500,000 livres de saumon ; en 1874, on en a pris de très grandes quantités à la mouche. Le poids moyen du saumon de la Ristigouche est de seize livres, mais on en prend souvent qui pèsent depuis trente-cinq jusqu’à soixante livres.

« La Ristigouche est affermée par divisions, au nombre de cinq, qui sont louées, chacune $200, $170, $90, $80 et $25. Un club de pêcheurs américains, dit le Ristigouche Salmon Club, est locataire de deux de ces divisions : le même club a aussi loué la rivière Palapédia, un des grands tributaires de la Ristigouche, pour les fins de la pisciculture. Ce club a un magnifique hôtel au confluent de la Métapédia et de la Ristigouche, près de l’endroit où celle-ci est traversée par le chemin de fer intercolonial. Un ministre anglican, le Dr Raineford, de l’église Saint-George, de New-York, est devenu membre du Ristigouche Salmon Club, après avoir payé $4,700 pour son droit d’entrée.

« Le gouvernement fédéral entretient un établissement de pisciculture sur l’un des tributaires de la Ristigouche, à quelques milles plus haut que son confluent avec la Métapédia. »


En remontant la rive sud du fleuve Saint-Laurent, entre Gaspé et Lévis, on traverse plusieurs rivières à saumon d’une certaine valeur, comme la Grande-Rivière, la rivière Saint-Jean, les rivières York, Darmouth, Sainte-Anne-des-Monts, Cap-Chatte, Matane et Rimouski, mais pour trouver des rivières comparables à la Grande-Cascapédia et à la Ristigouche, il faut passer au Saguenay, l’un des plus grands affluents du fleuve Saint-Laurent, qui, depuis le lac Saint-Jean jusqu’à son embouchure recueille le tribut des eaux de plus de trente rivières dont plusieurs sont bien peuplées de saumons. Il suffit de nommer le Petit-Saguenay, la Sainte-Marguerite, affermés pendant de longues années par feu M. Russell, propriétaire de l’hôtel Saint-Louis, de Québec, au prix annuel de $555 ; la rivière à Mars, la rivière Éternité, si bien connues des touristes, pour donner une idée de la richesse du tronc principal, quand les branches sont aussi bien fournies. Le saumon se rend aujourd’hui jusqu’à Chicoutimi, mais de là il pourrait être poussé à peu de frais, jusqu’au lac Saint-