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DES POISSONS

pointues, souvent recourbées en arrière et destinées à accrocher, retenir, déchirer la proie atteinte par le poisson. Cette dernière forme de dents est de beaucoup la plus commune.

Lorsque les dents sont fines comme des cheveux, minces et serrées les unes contre les autres, on les appelle dents en velours ; plus longues et encore douces, dents ciliées ; plus longues et plus raides, sétiformes ou en brosse. Dès qu’elles arrivent à être plus dures et un peu courbées, elles deviennent des dents en carde, et quand elles sont encore plus grosses, on les nomme dents en râpe ou raduliformes.

Des yeux. — Les yeux des poissons sont grands en raison du peu de lumière répandue dans l’élément où vivent ces animaux. Dans les eaux où la lumière ne pénètre pas les poissons n’ont pas d’yeux. Plutôt fixes que mobiles, les yeux sont dépourvus de glandes lacrymales et de vraies paupières ; la cornée en est très aplatie, mais, par compensation, le cristallin en est presque sphérique ; enfin, une peau passe devant ces organes et y devient transparente pour y laisser arriver la lumière.

Certains poissons ont les yeux placés du même côté de la tête, d’autres ont quatre yeux au lieu de deux ; quant à leur position par rapport à la ligne centrale du corps, peu d’animaux, offrent autant de dissemblances, peu également en offrent autant pour les dimensions relatives de ces organes. Tantôt très voisins, tantôt très écartés, en dessus et en dessous de la tête, immobiles ou mobiles, ensemble ou séparément, plats, convexes, à peine visibles ou énormes, excessivement variables comme couleur, d’une espèce à l’autre.

Les fibres de la rétine, c’est-à-dire, les plus petits rameaux du nerf optique, sont, d’après Lacépède, dans plusieurs poissons, 1,166,400 fois plus fins qu’un cheveu. Quel merveilleux architecte a construit de pareilles machines !

De l’odorat. — Les narines des poissons sont placées au-dessus de la bouche, mais ne servent point à la respiration. Comment ces animaux perçoivent-ils les odeurs ?

L’appareil de l’olfaction réside dans deux cavités creusées à la partie antérieure de la tête, en avant des yeux, au-dessus de la mâchoire supérieure (voir fig. 16). Ces cavités sont tapissées par une membrane pituitaire très plissée : l’orifice externe est souvent double et pourvu d’appendices ou espèces d’opercules encore peu étudiés.

Cet appareil olfactif diffère surtout de l’organe analogue des animaux terrestres, en ce qu’il ne communique pas avec l’arrière-bouche et n’est pas traversé par le fluide dissolvant les particules odorantes. Quoi qu’il en soit, il est hors de doute que les poissons perçoivent les odeurs, et de très loin ; mais comme elles ne peuvent, en définitive, leur parvenir qu’en dissolution dans l’eau ou dans l’air que l’eau contient, on est