Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
LA BARBUE

à leur base une tache brune entourée d’un cercle plus pâle. Les yeux sont très écartés, le sous-opercule manque, et le préopercule est invisible à travers la peau.

Anale — 90 rayons, va se réunir à la caudale et conserve presque partout la même hauteur, Caudale — 17, coupée carrément, P — 1 ? 16 arrondie. Son premier rayon, d’un tiers plus court, est épineux, très robuste, porte de petites dentelures vers la pointe. Ventrales — 12, arrondies.

« Le silure habite ordinairement le fond de l’eau, et ne monte à la surface que quand il tonne. Il est très vorace, très fort de la queue, saute assez bien, se cache sous les racines, dans les trous ou sous les crônes.

« Le silure n’existe ni en France — où on cherche à l’introduire dans nos départements de l’Est — ni en Angleterre, ni en Italie, ni en Espagne. La Suisse en possède quelques-uns dans les lacs de Morat et de Neufchâtel. Il commence à être abondant dans le Danube, l’Elbe, et leurs affluents.

« On en a mis en liberté, dix individus, dans un bassin du canal du Rhône au Rhin, et l’année suivante, on en a pris dans le Doubs, près de Montbéliard, à Hambourg et à Mulhouse, entre deux vannes. Bloch avait donc tort de dire qu’on ne l’introduirait jamais en France, puisqu’il s’y acclimate si facilement. »


Pour compléter ce portrait du silure d’Europe et en accentuer les traits principaux, ajoutons que la peau nue ne porte jamais d’écailles. Le crane est caractérisé par l’absence totale de certains os tout autant que par le développement extraordinaire que prennent quelques autres. À l’épaule, le scapulaire, le cavacoïdien font défaut, de même que le sous-opercule à l’appareil operculaire. La vessie natatoire existe presque toujours : son conduit communique avec l’organe de l’ouïe par les osselets auditifs. Il n’y a pas d’appendices pyloriques.

Les siluroïdes sont originaires des contrées tropicales. D’après Günther ils se sont rendus au nord de l’Australie par l’Inde, et une espèce a émigré dans les îles Sandwich, probablement par le sud de l’Amérique. Leur progression dans les régions tempérées a été évidemment lente et difficile, quelques espèces seulement ayant pénétré dans la partie tempérée de l’Europe et de l’Asie. Si les espèces de l’Amérique du Nord sont plus nombreuses elles sont peu variées, comme si elles dérivaient toutes d’un seul type. Les siluroïdes habitent volontiers les eaux vaseuses et calmes où leur voracité extrême trouve à s’exercer sur les vers, les crustacés et les myriades de vibrions qui y grouillent. N’empêche qu’ils se complaisent également dans les eaux vives, sous des courants rapides, à de grandes