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LES POISSONS

Il est notoire que les poissons de mer s’améliorent, sous le rapport comestible, par un séjour prolongé dans les eaux douces. Le gasparot paraît faire exception à cette règle, si l’on en croit du moins les auteurs américains. Cela dépend peut-être aussi de ce qu’on le confond fréquemment avec le blue-back ou le hareng des lacs, son congénère, qui jouit d’une assez piètre réputation dans les lacs Érié et Michigan, où il s’est rendu en gravissant l’échelle des canaux, aussi bien que dans le bassin du Mississipi où il porte le nom de skipjack que lui a valu son habitude de bondir en dehors de l’eau. Le professeur Baird lui marque une utilité spéciale comme matière alimentaire propre à nourrir et engraisser nos poissons les plus précieux d’eau douce, comme la truite, le doré, le maskinongé et l’achigan, mais en dehors de cela, il ne lui reconnaît de valeur appréciable que comme poisson de mer. N’empêche qu’en 1894, mêlé au blue-back ou glut-herring (clupea æstivalis), il figurait, sous le nom de branch-herring (clupea vernalis), dans le rapport des pêcheries d’Ontario, par une production de 3,636 barils, d’une valeur de $16,362.

Donnons un coup de crayon à son portrait : Corps allongé, fortement comprimé ; tête petite, aplatie entre les yeux ; yeux grands ; arcs branchiaux angulaires ; dorsale quadrangulaire ; queue fourchue. Dos bleu verdâtre, flancs argentés avec quatre ou six lignes brunes disposées sur la longueur du poisson ; tête vert foncé en dessus, l’extrémité de la mâchoire de même couleur : opercules jaunes. Sa longueur varie de huit à dix pouces ; son congénère le clupea æstivalis, ou blue-back, ou gluth-herring, atteint quelquefois douze pouces. Dans leur enfance, les deux espèces se vendent indistinctement sur les marchés, pour servir d’esches, sous le nom de sprats. Ils ne mordent jamais à l’hameçon.