Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
LES POISSONS

Cet appareil modifié par le major Thomas B. Fergusson commissaire des pêcheries est aujourd’hui généralement adopté aux États-Unis. Les cônes Fergusson sont en cuivre étamé et peuvent se fermer par le bas de manière à servir à la fois d’appareil d’éclosion pour les œufs et de transport pour les alevins ; ces cônes ont 68 centimètres de haut sur 50 centimètres de diamètre. L’entrée et la sortie de l’eau sont réglées de telle sorte qu’en donnant par instants un courant plus fort, tous les œufs gâtés qui viennent se rassembler à la surface de l’eau sont expulsés et immédiatement entraînés.

Divers appareils ont été inventés aux États-Unis pour transporter soit les œufs d’alose soit les alevins.

Nous avons dit plus haut que l’appareil plongeant de Fergusson pouvait être transformé en bac de transport. La caisse de MacDonald consiste en une boîte en bois contenant dix-huit plateaux en toile métallique, recouverts de toile de coton et fixés au moyen de courroies : chaque plateau peut recevoir de 10,000 à 15,000 œufs. La boîte est recouverte d’une grosse toile. Cet appareil fort simple est le premier qui ait été employé pour le transport à sec : il donne de bons résultats lorsque la distance à parcourir n’est pas supérieure à cent milles. Pour le transport des alevins Fergusson emploie des vases en fer blanc entourés d’un manchon en laiton. Ce récipient est pourvu d’un couvercle mobile, dont le centre est percé d’une ouverture tubulaire, permettant l’entrée ou la sortie de l’eau, et muni, à sa partie interne, d’un grillage recouvert d’étoffe de coton pour empêcher le poisson de s’échapper : un tube entrant à frottement dans le couvercle, amène l’eau dans le récipient. On dispose dans le wagon de transport plusieurs de ces récipients, de telle sorte que l’eau passe facilement de l’un à l’autre. Un semblable récipient, de la capacité de 12 gallons, peut recevoir de 15,000 à 20,000 alevins.

S’il existait un établissement ichthogénique entre Québec et Montréal, nous pourrions facilement imiter nos voisins, en y installant des auges pour le frai d’alose, en vue de repeupler le Saint-Laurent de ce poisson : mais tant qu’un pareil laboratoire fera défaut, nous n’aurons qu’à déplorer la diminution graduelle de l’alose dans nos eaux, jusqu’à sa disparition complète.

En prenant sans choix quelques-uns de nos rapports officiels des pêcheries, je vois qu’en 1888, l’alose a donné un rendement de 515,000 livres, d’une valeur de $31,000, pour la province de Québec.

Le Nouveau-Brunswick a fourni, cette même année, 3,185 barils de ce poisson, au prix de $10, soit une valeur totale de $31, 850.