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L’ALOSE

L’ALOSE

L’Alose d’Amérique. — Clupea sapidissima — American Shad


Divers auteurs américains, entre autres Storer et Wilson, ont appelé l’alose d’Amérique très fine (Clupea sapidissima), pour la délicatesse de sa chair, de qualité supérieure à celle de l’alose feinte d’Europe. Aux États-Unis elle occupe le premier rang comme poisson de table, salée, fumée, tout comme à l’état frais. Elle est très abondante sur les côtes de l’Atlantique, depuis la Floride jusqu’au cap Cod, ce qui n’a pas empêché la commission des pêcheries de la répandre avec grand succès dans les affluents du Mississipi et en Californie où elle prospère également. Le même moyen ne pourrait-il pas être employé dans la province de Québec pour repeupler nos rivières de ce précieux poisson jadis si abondant dans le bassin inférieur du fleuve Saint-Laurent où il est rare aujourd’hui ?

Fig. 40. — Alose d’Amérique.


L’alose appartient à l’immense famille des harengs, mais elle y tient le haut du pavé pour sa taille, sa beauté et son luxe. Dès qu’elle atteint l’âge de maturité, elle occupe maison de ville et maison de campagne. Au printemps, vers le commencement de juin, lorsqu’elle est d’âge à se reproduire elle quitte les fonds de la mer pour remonter les cours d’eau ; elle monte déposer ses œufs sur des sables dorés où la chaleur du soleil va les faire éclore. Dès que l’œuvre de la parturition est accomplie, elle se hâte vers la mer en prenant le grand courant, voyageant de nuit, pour éviter les dangers et les ennemis qui la guettent près des rives. Les