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LES POISSONS

En observant des jeunes lépidostés, Agassiz a vu que, par leurs mouvements, ces animaux offrent des analogies avec les reptiles, ce que pouvait faire prévoir le mode d’articulation de leurs vertèbres. « Leur épine, dit-il, se montre plus flexible qu’elle ne l’est chez les poissons ordinaires ; fréquemment, pendant le repos, ils sont plus ou moins infléchis, principalement vers la queue. L’éminent naturaliste a vu, au Niagara, un lépidosté mouvoir la tête librement sur le cou ; comme celle d’un saurien, elle se penchait à droite, à gauche, en haut, et exécutait ainsi des mouvements qui ne peuvent avoir lieu chez aucun autre poisson.

Agassiz a également observé que les lépidostés prennent leur nourriture à la manière des reptiles et non comme les autres poissons qui, d’ordinaire, tiennent, pour la recevoir, la bouche largement ouverte et l’avalent aussitôt. Les lépidostés, au contraire, s’approchent de la proie qu’ils convoitent et arrivent près d’elle de côté, la saisissant par une attaque soudaine, puis la retiennent dans leurs mâchoires, la blessent à coups de dents répétés, à la manière des crocodiles, et lui donnent ainsi la position la plus convenable pour qu’ils puissent la déglutir ; on voit la proie avancer dans les organes digestifs par suite des mouvements de déglutition.