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LES POISSONS

aussitôt au fond du bassin. Une seconde après, une demi-douzaine de bulles d’air, dont quelques-unes assez grandes, s’échappaient par les ouïes. L’air séjourne une seconde et quelquefois une seconde et demie dans la vessie, et ce temps est probablement suffisant pour l’absorption de l’air, en vue du rôle qu’il est destiné à jouer et pour son rejet. »

La disposition de l’appareil respiratoire est, d’une manière générale, celle des poissons ordinaires ; il y a quatre arcs branchiaux portant chacun deux rangées de lamelles vasculaires ; il n’existe point d’interopercule.

Les lépidostés sont cantonnés dans l’Amérique du Nord. D’après Agassiz, et c’est une autorité fort respectable en la matière, « on le rencontre dans toutes les eaux du sud, à partir de la Floride, jusqu’au Texas, dans le Mississipi et dans tous les grands affluents de ce fleuve jusqu’à la latitude du lac Supérieur, qui cependant n’en possède point, dans tous les grands lacs moins septentrionaux du Canada et dans le Saint-Laurent. »

Il y en a aussi dans les rivières et dans les lacs situés à l’ouest de l’État de New-York, et dont les eaux sont reçues par ce fleuve. Ils habitent également celles de la Pensylvanie occidentale, tributaires de l’Ohio, et celles qui se rendent à l’Atlantique, entre la baie de Chesapeake et la Floride.

Dans les États de la Nouvelle-Angleterre, à l’est du lac Champlain, les lépidostés manquent, ce qui est d’autant plus étonnant que, en remontant vers le nord, on les retrouve dans le Saint-Laurent, déjà signalé comme étant une de leurs stations : en descendant vers le sud, on constate leur présence dans le Delaware. Agassiz croyait, en 1850, qu’ils faisaient défaut à l’ouest des montagnes Rocheuses et dans l’Amérique centrale : mais depuis cette époque on en a trouvé une espèce près des côtes du Pacifique. Enfin, pour achever l’énumération des régions du nouveau monde où ils vivent, j’ajoute qu’il y en a à Cuba.

« Fait étrange, reprend Agassiz, les lépidostés, aujourd’hui cantonnés dans le nouveau monde, ont existé en Europe pendant l’époque tertiaire : on en trouve d’assez abondants débris dans le terrain éocène, c’est-à-dire tertiaire inférieur du bassin de Paris, et ces débris indiquent un animal appartenant au genre lépidosté. À la même époque, ce genre et des genres voisins vivaient dans les eaux douces de l’Amérique du Nord ; il est curieux de noter que les lépidostés ont continué de vivre dans le nouveau continent, tandis qu’ils ont disparu de l’ancien monde. »

« Le lépidosté osseux ou lépidosté gavial, dit de Brehm, l’espèce la plus anciennement connue, présente au plus haut degré les caractères que nous avons indiqués ci-dessus. C’est un animal de forme allongée, à la