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DES POISSONS

À ce moment, l’alevin est muni d’une vésicule ombilicale, et sort enveloppé d’une membrane qu’il brise pour être tout à fait libre.

La vésicule ombilicale des poissons naissants est quelquefois intérieure, dans l’abdomen, comme chez la carpe ; quelquefois extérieure, comme chez la truite. Cette petite vessie fournit à l’animal la nourriture nécessaire à la vie, pendant un temps variable, d’après les espèces : ainsi la carpe absorbe en 15 ou 20 jours sa nourriture ombilicale, tandis qu’il en faut de 35 à 50 à la truite et au saumon pour arriver à cette résorption.

Il est probable que, même pendant le temps de résorption, le poisson absorbe les animalcules microscopiques que charrie l’eau dans laquelle il est plongé.

Le temps qui s’écoule entre la fécondation de l’œuf et le moment où le petit poisson brise sa dernière enveloppe protectrice, varie suivant les espèces, de 8 jours à 30, 40, 50 et même 60 jours.

L’époque de la reproduction est un moment de perturbation dans les habitudes des poissons ; ceux qui vivent dans les eaux profondes se rapprochent des rivages, afin que leurs œufs jouissent de l’influence bienfaisante de la lumière et de la chaleur. Plusieurs espèces marines remontent très haut les cours d’eau, sans doute dans le même but ; d’autres, enfin, qui habitent constamment les eaux douces, quittent les courants, et vont chercher dans les lacs et les étangs une plus grande tranquillité.


LE TEMPS DU FRAI


Au point de vue purement scientifique, le temps du frai des poissons n’est qu’une simple question de curiosité ; mais, du moment que la prohibition de la pêche en certaines saisons devient un principe admis dans nos lois, cette question revêt une importance économique assez sérieuse. Il importe d’établir, d’après des observations locales, à quelle date approximative les poissons que la loi entend protéger, dans l’intérêt général, commencent à faire leur ponte, et à quelle date ils la finissent. C’est une chose difficile à déterminer dans notre pays du Canada, où nos grands cours d’eau, nos rivières, nos lacs ont été livrés à la navigation, à l’industrie, à de multiples exploitations agricoles, forestières, minières et de transport, qui, de toute nécessité, ont dû modifier les habitudes des poissons familiers, les détourner des eaux natales, et amoindrir des sources de production naturelle, d’une manière imprévue. Encore faut-il essayer de savoir à quoi s’en tenir à ce sujet, afin de rattraper une partie de ce que nous avons perdu, et semer ailleurs,