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LES POISSONS

un seul caractère différentiel qui leur soit commun et, d’autre part, nous ignorons absolument quelle était l’organisation des ganoïdes fossiles.

« Malgré leur apparence extérieure et leur ressemblance générale avec les téléostéens, il est évident que les ganoïdes ne peuvent être comparés à ces derniers ; leur anatomie s’y oppose : ils ont, par contre, de grands rapports avec les dipnés et avec les chondroptérygiens.

« Chez les ganoïdes, le cœur a un cône artériel contractile pourvu de plusieurs rangées de valvules ; l’intestin est garni d’une valvule spirale, valvule qui est toutefois rudimentaire chez l’amia et chez le lépidosté ; les nerfs optiques ne se croisent pas en passant l’un au-dessus de l’autre, mais forment un chiasma avec échange partiel de leurs fibres. Ces caractères leur sont communs avec les chondroptérygiens et avec les dipnés. Mais les branchies sont, comme chez les téléostéens, libres dans la chambre branchiale qui est fermée par un battant operculaire, de telle sorte qu’il n’existe, de chaque côté, qu’une seule fente branchiale. La vessie natatoire est pourvue d’un canal aérien et l’on ne trouve jamais de poumons.

« La peau peut être nue comme chez le spatule ou polyodon, couverte de grands écussons osseux disposés suivant des rangées longitudinales espacées, ainsi qu’on le voit chez les esturgeons, ou bien, ce qui est le cas le plus général, être revêtue d’écailles.

« Les écailles, chez le polyptère, le lépidosté, la plupart des ganoïdes anciens, ont une forme rhomboïdale caractéristique, et s’unissent les unes aux autres par de petits appendices articulaires ; elles sont formées par un tissu osseux et recouvertes d’une couche brillante d’émail. Certains ganoïdes cependant, tels que l’amia, ont des écailles arrondies dont l’aspect est tout à fait celui des écailles des poissons malacoptérygiens actuels.

« Un caractère spécial à beaucoup de ganoïdes, c’est la présence de fulcres — petites écailles osseuses en forme de chevrons — situés sur le bord supérieur et le rayon antérieur des nageoires, et principalement sur la caudale. Ces fulcres sont tout à fait caractéristiques ; aussi, Muller accordait-il à leur présence une grande valeur : « Tout poisson, écrit-il, qui possède des fulcres sur le bord antérieur d’une ou de plusieurs nageoires, est un ganoïde. » Nous connaissons d’assez nombreux ganoïdes qui n’ont pas ces écailles particulières ; tels sont les amia.

« Le squelette peut être osseux (lépidosté, polyptère, amia), ou cartilagineux (esturgeons, polyodon), chez beaucoup de types anciens, tandis qu’une partie du squelette est bien ossifiée, une autre partie, telle que la colonne vertébrale, est cartilagineuse, la corde dorsale persistant, de telle sorte qu’elle a toujours disparu par la fossilisation.

« Chez les poissons, les vertèbres sont biconcaves ; on trouve cepen-