Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
LA LOTTE COMMUNE

trente appendices pyloriques. La vessie est grande et munie de parois épaisses. Le foie est volumineux et trilobé. »

Après le brochet, la lotte est le plus vorace de nos poissons d’eau douce. Peu particulière sur le choix de sa nourriture, elle saisit et avale les petits poissons imprudents qu’attire le leurre de son barbillon, lorsqu’elle pêche. Si elle chasse, elle ramasse tout ce qui se trouve à sa portée, vers, sangsues, insectes, mollusques, jeunes rats musqués, et souvent elle s’attaque à des animaux de grande taille que sa vaste bouche lui permet d’engloutir.

La lotte porte de 160,000 à 200,000 œufs, pâles et aussi petits que des graines de pavot ; elle fraie dans les graviers, à mince d’eau, près des rivages, en décembre et en janvier. La durée de l’incubation des œufs est d’environ six semaines. Les jeunes poissons croissent lentement, car on assure que la lotte ne commence à frayer qu’à sa quatrième année.

Je ne présente pas la lotte comme un poisson sportif, il n’en a ni les allures ni la vivacité, ni la force, ni les mœurs ; ce n’est pas non plus un poisson de commerce, mais il peut être précieux pour les colons, les défricheurs, les chasseurs et les bûcherons. C’est à ce point de vue économique et philanthropique que j’ai cru devoir lui donner place dans ce livre.