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LA PETITE-MORUE

oreille : quand Dieu lui prête vie, il continue sa promenade, de Terre-Neuve au rapide des Forges Saint-Maurice et vice versa ; il se moque des géants des eaux comme de l’an quarante, et ne demande qu’à rester petit.

« C’est une espèce à part. Il faudrait lui composer un nom grec ou latin qui signifierait poisson de Noël, puisqu’il nous visite seulement à cette époque de l’année.

« Mais ne venez plus le traiter comme de la morue, car l’une des deux espèces n’est pas pareille à l’autre ! »


À la lecture de cet article gracieux et instructif à la fois, l’honorable sénateur Pascal Poirier revendique les droits de ses compatriotes, les Acadiens, de sa plume ardente qui brûle la page que voici :

Shédiac, N.-B., 26 déc. 1890.


Mon cher Sulte,


Vous cherchez un nom grec ou latin pour en baptiser le Petit-poisson de Trois-Rivières, et vous proposez Poisson de Noël. Cela m’étonne de la part d’un homme qui connaît toutes les sources de notre histoire. Avez-vous donc oublié que les Acadiens sont de toute éternité les ancêtres des Trifluviens, et que ceux-ci, dans toutes les graves questions qui les agitent, devraient d’abord, quand ils cherchent la lumière, tourner les yeux du côté de l’Orient, c’est-à-dire de l’Acadie.

Eh bien, le nom de poisson que vous cherchez est poulamon, vous n’en trouverez pas d’autre.

À vous,
PASCAL POIRIER.


Il ne faudrait pas entretenir plus qu’il ne faut la vanité nationale, de l’idée que la province de Québec est favorisée entre tous les pays du monde, de la présence de la petite-morue. Elle abonde sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, où elle fourmille à l’embouchure des rivières durant toute l’année. Seulement, elle n’est vraiment bonne à manger qu’à l’automne et en hiver, et nulle part elle n’est aussi affriolante que lorsqu’elle est capturée sous les glaces du fleuve Saint-Laurent.

Le Dr Sauvage donne à la petite-morue les noms de capelangadus minutus, et Brehm celui de zwergdorfeh, et voici ce qu’ils en disent : « Cette espèce de gade de petite taille, car elle n’arrive qu’à 0m,20 à 0m,25, a le corps oblong, comprimé ; la peau est couverte d’écailles peu