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LES POISSONS

Dans sa distribution géographique le chabot se trouve en Europe, en Sibérie, au Groënland, aux États-Unis, au Canada. Après un long et minutieux examen de ce poisson dans toute l’étendue de l’Europe, M. Blanchard en est arrivé « à la certitude absolue qu’il n’existe qu’une seule espèce de chabot, qu’il n’y aucune différence plus notable entre les individus des départements les plus éloignés qu’entre les individus nés dans le même ruisseau, pour la France, et il ajoute : « Un zoologiste de l’Allemagne, M. Jeilleles, a fait récemment une étude comparative des espèces de cottus d’Europe et d’Amérique, et il a parfaitement reconnu que les variations dans les proportions des nageoires, dans les divisions de leurs rayons, dans l’écartement des yeux, etc., étaient de simples différences individuelles. »

Passons en Amérique :

Dans le volume xvi de l’admirable rapport du U. S. National Museum, je lis la description suivante de la famille des cottidés américains, dont Blanchard paraît soupçonner à peine vaguement l’existence : « Corps graduellement aminci, fusiforme ou comprimé, de la tête jusqu’à la queue ; tête généralement large et déprimée ; les yeux sont au-dessus de la tête, et le nom du poisson veut dire en grec il regarde le ciel ; dents uniformes rangées en bandes sur les mâchoires, et garnissant le vomer et les os palatins ; corps nu et parfois recouvert d’écailles et de tubercules ou de plaques osseuses, mais jamais uniformément habillé ; une légère dépression dans la nageoire dorsale ; ligne latérale simple, presque droite ; caudale échancrée à pointes arrondies ; cœcums pyloriques peu nombreux ; absence de vessie natatoire. On compte en Amérique environ 40 genres et plus de 150 espèces de chabots habitant principalement les eaux riveraines du nord : un grand nombre de ces espèces se trouvent dans les eaux douces. Dans son ensemble, le groupe comprend une variété considérable de formes, fort difficiles à définir, vu qu’elles touchent aux liparidedæ, d’un côté, et aux scorpénidés, de l’autre côté. »

Le chabot est peu connu dans la province de Québec. Je n’en ai pêché qu’une seule espèce — dans la rivière Saint-Charles — que je classe parmi les uranidés Richardson (Agassiz) ou Miller’s Thumb, Bloch ; Muffle-jaw ; bull-head, décrits comme suit par Jordan et Gilbert :

« De couleur olivâtre, plus ou moins moucheté de taches plus sombres ; nageoires barrées ou picotées ; corps rond ou fusiforme s’amincissant graduellement de la tête à la queue ; crâne quelque peu déprimé, l’interopercule marqué d’un léger sillon ; le préopercule un peu courbé, armé d’une épine aiguë, recourbée et dressée en biais, presque entièrement cachée dans la peau : le sous-opercule porte une plus sorte épine, la pointe en avant. La peau est unie, sauf dans la région en arrière des