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XI
PRÉFACE

des lacs ; mais comme il est insoluble, l’eau ne peut s’en emparer. Si cependant l’eau renferme de l’acide carbonique en abondance (du fait de la respiration des animaux qui y vivent), le carbonate insoluble est transformé en bicarbonate, lequel est facilement soluble dans l’eau. On peut donc, jusqu’à un certain point, au moyen de l’analyse chimique, juger de la quantité de poissons qu’une eau peut contenir. »

« Cette observation peut être vraie, dit Jobin, pour des eaux qui reposent sur des terrains calcaires ; mais il y a des eaux poissonneuses dans des terrains siliceux, granitiques, argileux et même tourbeux, et presque complètement dénués de calcaire. »

Les eaux doivent de plus renfermer les substances nécessaires à l’alimentation de leurs habitants. C’est, pour une bonne part, la végé­tation aquatique qui y pourvoit, en produisant des plantes qui servent, soit directement à la nourriture de certaines espèces, soit indirectement à celle d’une multitude d’animaux dont d’autres espèces font leur proie, soit en servant à retenir leurs œufs et les insectes. Ces plantes jouent encore un autre rôle ; elles absorbent le carbone de l’acide carbonique contenu dans l’eau, en en dégageant l’oxygène, et contri­buent ainsi à le rendre plus respirable.

Il y a quelques rares espèces de poissons herbivores et carnivores ; le plus grand nombre sont insectivores et carnivores, et c’est par la connaissance de leur alimentation qu’on arrive à les tenter, par les mets ou matières qu’ils préfèrent, soit qu’on les leur offre en nature soit qu’on les leur présente en leurres.

La végétation spontanée du fond et des rives peut modifier favo­rablement l’aptitude des cours d’eau à l’entretien des poissons. Les plantes submergées assurent, par leur respiration, la régénération de l’oxygène, et entretiennent l’aération de l’eau ; puis elles fournissent le vivre et le couvert à une multitude de petits êtres formant une proie recherchée par les poissons à l’état d’alevins, surtout par la classe des cyprins. Enfin, elle offre à tous les genres de poissons un abri contre la lumière trop vive ou la chaleur trop intense, un refuge contre la poursuite de leurs ennemis, un asile pour la fraie, une pro­tection pour les œufs agglomérés. Certaines plantes, comme le cresson