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PRÉFACE

pêchais en tenant ma canne de ligne d’une main et mon crayon de l’autre. C’est ainsi que j’ai recueilli, une à une, dans les rivières, les lacs et les ruisseaux du pays, les notes que j’ai rédigées ensuite, à la lueur de ma lampe, aux dépens de mes loisirs, toujours avec le respect de l’art de Walton et de ses nombreux disciples, les Heney, les Henshall, Barnwell, Perry, Murray, Goode, Mosher, Jordan, Mather, Creighton, Chambers, autant d’auteurs américains et canadiens d’origine anglaise, auxquels nous ne pouvons malheureusement opposer que de trop rares noms français. Aussi, est-ce avec une crainte bien excusable, en présence de cette cohorte d’étrangers distingués, de savants consommés, que je risque la publication en français de ce livre traitant des poissons d’eau douce, non seulement de la province de Québec, mais de toutes les provinces et territoires compris dans l’immense domaine du Canada.



Il importe d’abord de connaître les éléments dont le poisson vit et se nourrit, et c’est pourquoi nous commençons par l’étude de l’eau douce, élément absolument essentiel à son existence.

Pour être potable ou propre à la consommation des poissons, l’eau qu’ils respirent doit être dégagée de toutes matières inertes qui pourraient gêner le jeu des organes ou les priver de l’oxygène nécessaire par l’action délétère de substances en décomposition pouvant causer la mort. Durant leur trajet souterrain, les sources, pendant leur cheminement dans leur lit, les cours d’eau, se chargent d’une proportion plus ou moins élevée de substances minérales et organiques solubles, comme la silice et l’alumine, les carbonates et sulfates de chaux, etc., etc.

« Dans un travail sur la composition chimique des eaux, M. Weith prétend que l’abondance du poisson dans une eau donnée est toujours en rapport direct avec la quantité de carbonate de chaux que l’eau renferme en dissolution.

« L’explication du fait est la suivante, dit M. Raveret Wattel : le carbonate de chaux existe en abondance au fond et sur les bords