Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
L’ACHIGAN

fleurs que j’offre ici au grand pacificateur de la guerre de l’achigan, James A. Henshall, un homme qui dessine avec le bout de sa perche de ligne, en guise de crayon, des paysages ou des portraits d’une précision rivale de la photographie instantanée ; un homme qui, sous son binocle, vous approfondit les germes et les secrets de la Nature, de façon à décourager et désespérer même le microscope de Pasteur. Où a-t-il pris cela ? On se le demande. Qu’importe ? Moi, je prends son livre, et j’y trouve une part éclectique d’inspiration des pages que voici :

Les premiers naturalistes qui se sont intéressés au poisson que j’appelle d’autorité l’achigan, sont trois Français, savoir : Lacépède, en 1800 ; Rafinesque, en 1817 ; Le Sueur, en 1822.

Avant ces trois Français, l’Allemand Bloch, tout savant qu’il était, avait ignoré l’achigan. Linnée lui-même, si soucieux pourtant des curiosités zoologiques, a laissé dans son musée, après sa mort, une moitié d’achigan qui lui avait été envoyée par M. Milbert, savant naturaliste et taxidermiste pharaonien, que l’on admire aujourd’hui comme une relique, sans qu’il l’ait honorée d’un mot de légende. Linnée a reçu la carte de l’achigan et ne lui a pas rendu sa visite !

Henshall, un peu disciple de Lacépède, et jusqu’à un certain point son interprète dans le monde vagissant de la science ichtyologique, en rapport avec l’achigan — alors — mais aussi affirmatif aujourd’hui qu’il est possible de l’être, me permettra sans doute de le remercier de sa galanterie à l’égard de la langue française, en reproduisant textuellement les pages suivantes de son livre sur l’achigan.


MICROPTÈRE DOLOMIEU. — MICROPTERUS DOLOMIEU


« Je désire que le nom de ce poisson, qu’aucun naturaliste n’a encore décrit, rappelle ma tendre amitié et ma profonde estime pour l’illustre Dolomieu, dont la victoire vient de briser les fers. En écrivant mon Discours sur la durée des espèces, j’ai exprimé la vive douleur que m’inspirait son affreuse captivité, et l’admiration pour sa constance héroïque, que l’Europe mêlait à ses vœux pour lui. Qu’il m’est doux de ne pas terminer l’immense tableau que je tâche d’esquisser, sans avoir senti le bonheur de le serrer de nouveau dans mes bras !

« Les microptères ressemblent beaucoup aux sciènes ; mais la petitesse très remarquable de leur seconde nageoire dorsale les en sépare ; et c’est cette petitesse que désigne le nom générique que je leur ai donné[1].

  1. Mexpod, en grec, signifie petit.