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L’ACHIGAN

Les étangs du comte Von dern Borne, dont il est fait mention ici, sont situés à Bernenchen, en Allemagne. Le 15 juin 1884, le comte parlait de cette culture dans les termes suivants :

To-day I had the satisfaction of finding that the three large fish had spawned, and the pond actually swarms with fry. I have caught, with a small net, more than two thousand, and have put them into another pond which is free from other fish. I have no doubt that next spring the small mouthed Bass will spawn, and that the experiment will be successful. (Bull, U. S. Fish Com., IV, 1884, 219.)

En juin 1885, le comte exulte, il écrit :

My thirteen Black Bass have spawned. I caught 11,800 of the fry, and placed them in ponds that have no other fish.

En août 1885, il est au comble du bonheur, lorsqu’il déclare :

I am pleased to say that the fish multiplied abundantly. I had 1,200 in the fall of 1884, and have caught more than 22,000 fry this season.

Présentement le comte Von dern Borne, devenu pisciculteur à Berlin, a de surplus dans ses viviers autant de jeunes achigans et d’alevins du même poisson, qu’il en faut pour répondre aux demandes des propriétaires d’étangs de toute l’Europe centrale.

En 1885, M. Eugène G. Blacford, de New-York, expédiait cinq jeunes achigans au jardin zoologique d’Amsterdam, en excellente condition. En décembre de la même année, le "Journal of the Society for the promotion of the Fresh-Water Fisheries in the Netherlands", disait :

The Amsterdam Aquarium at present possesses four fine specimens of Black Bass, comprising both species, which grow well, and will, in all probability, reach sexual maturity.


NOMS ET SURNOMS DE L’ACHIGAN


Au fur et à mesure que la civilisation européenne repoussait devant elle les forêts de l’Amérique du nord et leurs farouches habitants, pour remplacer le chêne par l’épi de blé, le wigwam voyageur par la maison fixe, la bourgade par la ville, le parc de chasse par l’État, qu’une étoile nouvelle surgissait dans l’azur du drapeau américain, on vit l’achigan affublé d’autant de noms, surnoms et sobriquets qu’il y eut d’États nouveaux inscrits sur la carte géographique du centre de l’Amérique du nord. Dans l’État de New-York, il s’appelle l’Oswego bass, ou le green bass ; au Kentucky, en Floride aussi, parfois, il devient le jumper ; dans l’Indiana, où il habite des châteaux d’algues entrelacées capricieusement