Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la nation américaine tout le chevaleresque de la bravoure française.

En même temps les idées françaises, élaborées au xviiie siècle, pénétraient la nouvelle constitution. À côté de la fraternité militaire, elles contribuaient à nouer le lien d’une « parenté intellectuelle » entre les deux peuples. Cette influence fut décisive si elle a déterminé chez les fondateurs de la jeune république une attitude nettement opposée aux institutions politiques anglo-saxonnes. La France a jeté dans le berceau des États-Unis la liberté et l’égalité.

Sans doute, ces éléments n’ont pas été les seuls qui ont conditionné la formation rapide et trop hâtive du type américain. L’homme a dû faire face à la vie et soutenir une lutte âpre et incessante pour triompher des rudesses d’un monde inexploré. Mais il reste cette chose étonnante que le monde américain, qui est d’hier, a pu déjà donner à la vieille Europe des leçons de vigueur, d’ambition, de réflexion, de maîtrise de soi. Il enseigne encore aux nations plus âgées et plus sceptiques la valeur de la tradition religieuse, de ce principe de cohésion et de repos moral que Maurice Barrès prêcha si éloquemment du haut de la Colline lorraine. M. Gabriel Hanotaux insiste sur ce point : « Pour la société, écrit-il, l’avantage d’une règle établie et vieille comme le monde la consolide et la maintient. »