Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouve, au détour d’une route, une large pierre où était enfoncée la croix de bois que défendit naguère l’héroïque grand’mère, Marianne Bourassin. « La croix est morte de vieillesse, chuchote l’abbé Grosbois ; je la remplacerai par une croix de fer, c’est plus résistant ». Enfin, près du Mail, voici la maison natale. Hélas, on a dû la restaurer. Elle est trop neuve ; et, d’ailleurs, autour de la fenêtre du second étage, il n’y a plus de chèvrefeuille. Mais l’atelier demeure, tel qu’il était jadis, bas de plafond et chargé de poutres : des descendants de la famille y travaillent encore gaiement[1]. Au presbytère, dans le cabinet de travail du curé de Boynes, chacun peut voir un buste de Louis Veuillot et une photographie de monseigneur Dupanloup, ornée d’une signature un peu volontaire. Je dis à l’abbé qui s’étonnait de mon premier mouvement ; « Vous les avez confondus, tous deux, dans une même admiration ? » Il eut un bon sourire, un sourire d’indulgence, et il me répéta doucement cette parole d’un grand-vicaire de Monseigneur l’évêque d’Orléans : « Ils n’étaient pas dans le purgatoire depuis dix minutes qu’ils étaient déjà reconciliés dans l’Infini ».

  1. Discours prononcé par M Lasnier à la réunion des publicistes chrétiens, le 24 juin 1913 : Écho de Pithiviers du 5 juillet.