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Sa jeunesse s’était éveillée et mûrie, son esprit s’était formé, pendant une période troublée, déchirée de luttes. Il avait appris au collège l’histoire héroïque de la France, histoire splendide, « attachante et merveilleuse comme une fable ; » et il en avait subi l’influence sans réserve. L’éclat des victoires passées faisait tressaillir son âme et réchauffait sa volonté croyante. Dans le recul des temps, tout servait d’aliment à son imagination ardente et fière : batailles éperdues, mêlées gigantesques, panache de la chevalerie, charme de l’expression, prière des cathédrales, beauté du geste, patience du travail, audace de la pensée, humanité du sentiment. Facettes d’une pierre dont il recueillait tous les feux. Ces éléments, ces richesses, légitimaient l’orgueil qu’il ressentait d’être né Français, lui, le fervent de la France immortelle. Cela, il l’a exprimé avec chaleur ; « Je sais, écrit-il, ce que l’on enseignait, il y a vingt ans, aux petits enfants que nous étions alors, et j’en suis encore ébloui. C’était une épopée qui commençait à Vercingétorix pour finir à Napoléon. Bayard, du Gesclin, Jeanne d’Arc, Roland à Roncevaux, Saint-Louis sous le chêne de Vincennes, le sourire d’Henri iv, le génie de Condé, la douceur grave de Turenne, et nos écrivains, nos penseurs, le rayonnement du grand siècle, l’éclair du Premier Empire, quelle splendeur ! quel enchantement ! »