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s’employa à le révéler. Il fut le modeste gardien de sa gloire. Il s’effaça devant ce grand nom, qui était pourtant le sien, comme s’il n’eut pas voulu, par la plus pure délicatesse fraternelle, en dérober l’éclat. Son fils, François Veuillot, qui continue aujourd’hui l’œuvre des siens, a gardé ces belles traditions d’honneur et de fidélité.[1]

Nous voilà revenus à la famille du père François-Brice, et, par elle, au pays natal, à Boynes. Je voulus voir ce coin du Gâtinais, où jamais Veuillot n’était retourné, et chercher là quelque chose de sa vie. « Ce n’est pas un voyage, nous avait dit M. Lasnier, l’aimable directeur de l’Écho de Pithiviers ; on s’imagine à tort que Boynes est à des kilomètres de Paris. Il y faut mettre deux heures tout au plus. » La route, depuis Étampes, est ravissante. C’est la campagne française, fraîche, reposante et soignée. Elle nous semble, à nous qui avons l’œil fait aux horizons immenses, un jouet d’enfant où circule un petit train mécanique aux cris stridents et joyeux. Au bas des collines, qui se succèdent, courent les plus jolis noms de rivières, sous les arbres qui se penchent. Puis, brusquement, c’est la plaine de la Beauce, abondante et

  1. Voir la préface des Derniers Mélanges, écrite par François Veuillot (1908).