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Ce Veuillot, plus humain, plus près de nous, c’est le Veuillot de la Correspondance.[1] Jules Lemaître voulait que l’on mit à part les lettres à madame de Pitray ; il faudrait y joindre aujourd’hui celles qu’il adressa à Léontine Fay. Il le disait lui-même, avec coquetterie : « Ce sont peut-être mes meilleures ». Il aimait correspondre. Une lettre était pour lui une distraction. Il y retrouvait sa chère littérature. Car il composait ses lettres et ne refusait pas d’y glisser un morceau. La jolie chose qu’une lettre de Louis Veuillot ! Il s’y montre plein de vivacité, de tendresse, de bonhomie. Et combien il est intéressant de le voir se reposer ainsi dans ses plus chères amitiés. Et quelle gaieté communicative ! D’un trait, il trousse une anecdote. Ses lettres en sont émaillées et quelques-unes sont d’un comique irrésistible, avec, ici et là, une petite pointe gauloise. Sarcey en était émerveillé et « secoué sur sa base »[2] ; il pardonna à la Correspondance les coups que lui avait portés l’Univers.

Les lettres à Léontine Fay ont un charme de plus. Elles ont une histoire. Veuillot n’avait

  1. « La correspondance de Louis Veuillot fera disparaître cette absurde fiction d’insulteur, d’éreinteur et de tombeur. Dirait-on d’un général commandant une place assiégée qu’il insulte les assiégeants, parce qu’il refuse de capituler ! ». — A. de Pontmartin : Souvenirs d’un vieux critique, 2e série, pp. 178-9.
  2. Jules Lemaître.