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était généreux et charitable : au petit Jacques de Pitray, il souhaite, pour unique bien dans la vie, la bonté. S’il admirait la noblesse, il se gardait de la flatter, voulant rester ce qu’il était devenu : un bourgeois, fils d’ouvrier, et rien d’autre. « J’ai toujours dit de pleine foi et de plein cœur, écrit-il, que la bonne place en ce monde est la place sur le pavé »[1]. Âpre à la besogne, il écrivait sans cesse, accumulant les articles qui devenaient bientôt des volumes. Il était lié à sa tâche. Son ancien secrétaire, M. Eugène Tavernier, qui a consacré à son maître un livre plein de la plus reconnaissante sympathie, nous dit le secret de cette persévérante énergie. Il n’eut qu’un but, auquel il sacrifia tout : la défense de la religion.[2] C’était là sa seule discipline ; la raison qu’il en donne dans une phrase des Mélanges achève de le peindre et nous le livre, en quelque sorte, tout entier : « L’Église m’a donné la lumière et la paix. Je lui dois ma raison et mon cœur. C’est par elle que je sais, que j’admire, que j’aime, que je vis. Lorsqu’on l’attaque, j’ai les mouvements d’un fils qui voit frapper sa mère ».[3]

  1. À Léontine Fay, le 23 mai 1873.
  2. Voir l’avant-propos des Libres Penseurs : « Je n’ai eu qu’une idée, qu’un amour, qu’une colère. »
  3. G. Garceau : L’Ami d’un grand catholique, introduction, Ier vol.