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tains, affirme Jules Lemaître, cette page est tout Veuillot. De fait, il eut pu dire, comme dira plus tard François Coppée parlant du Passant : « J’en suis trop l’auteur ». Thérèsa était une des idoles du Paris 1860. Un écrivain grand seigneur, Barbey d’Aurévilly, fit son éloge. Depuis de longues années, elle avait quitté le théâtre et vivait retirée dans ses terres. Elle est morte il y a quelques mois. Le souvenir de ses succès d’autrefois s’était transformé, chez elle, en une philosophie optimiste et confiante.[1]

Veuillot fut surtout un journaliste. Il a lutté avec toute son énergie native, avec la vigueur mâle et drue qu’il tenait de ses origines. « Quand je lis ici mon cher Univers, écrivait-il d’Algérie, j’enrage de n’être point en France pour dégainer contre M. Villemain, contre l’empereur de Russie, contre les journalistes, contre les vaudevillistes, contre les feuilletonnistes. Voilà la guerre : se battre contre des idées »[2]. Il s’est jeté tout entier dans la mêlée, combattant toujours à visage découvert, fût-ce contre des ennemis masqués. C’est un premier mérite. Certes, personne n’a moins connu la peur.

  1. Les Annales du 15 mai 1913 : La Bonne Fourmi, article du bonhomme Chrysale.
  2. À Edmond Leclerc (1841) : Correspondant, tome I. 83