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l’instant, il retourne à ses fonctions et aux loisirs faciles qu’elles lui procurent. Il travaille à quelques ouvrages, il écrit beaucoup et, entre temps, pour se distraire un peu, il cède à sa passion ancienne : la « bouquinomanie ». « Tu ne peux t’imaginer, écrit-il à son frère, avec quelle frénésie je bouquine. Je reste là, devant les cases, planté sur mes quilles, des bouquins dans mes poches, des bouquins sous le bras droit, des bouquins sous le bras gauche, des bouquins dans les mains, et quels bouquins ! les plus laids, les plus sordides, les plus écornés. Si je voulais m’en défaire, il faudrait payer des gants à l’homme qui les enlèverait »[1]. La planche aux livres déborde ! Les bouquins s’entassent dans « sa chambre, à la hauteur de trois pieds ». Au milieu de tous ces volumes, il écrit pour l’Univers des Propos divers. Puis, pour des raisons politiques, il songe à rompre avec ce journal ; et ce n’est que sur une promesse formelle d’indépendance qu’il en accepte la direction. Il écrit à M. l’abbé Morisseau : « Mon cher et excellent ami Du Lac, suivant enfin les aspirations longtemps comprimées de son âme, se consacre à Dieu : il entre cette semaine chez les Bénédictins, et me voilà obligé de le remplacer à l’Univers comme rédacteur principal. Ce n’est pas seulement pour moi un ennui inimaginable, c’est un

  1. Correspondance I, 146.