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cheval fidèle, il galope « sous le ciel d’Arabie ». Un jour, il décide de s’en aller en guerre. « Mon cher ami, écrit-il à Edmond Leclerc, je m’en vais en guerre, je pars demain avec ce grand sabre qui me préoccupe tant. Je vais pendant quinze ou vingt jours bien m’amuser à coucher par terre toutes les nuits et à marcher au soleil tous les jours. Je mangerai n’importe quoi, je dormirai n’importe comment. S’il pleut, je serai mouillé ; s’il ne pleut pas, je serai poudré ; si je suis malade, je ne serai pas soigné ; et si je reçois des coups de fusils, je les garderai ».[1] Cependant, cette belle ardeur s’apaise. Il s’ennuie loin de la France, loin de Paris. « Ah ! chien de chien que je suis Français, s’écrie-t-il… il me tarde bien d’avoir vu Oran, Bône, etc., pour commencer à finir. » Et plus tard : « Cette Afrique me tient au cœur et je ne voudrais pas y être venu pour rien. Mais, voyez-vous, heureux l’homme de la rue des Bourbonnais, s’il connaît son bonheur. » Enfin, il annonce son retour : il vient, il arrive : « Ah ! Edmond ! je vais donc enfin voir de la boue. »[2]

Il rapporte d’Afrique une abondance d’images vives, un sentiment plus averti de la grandeur militaire et le sujet d’un livre : Les Français en Algérie. À Paris, n’ayant pas mieux à faire pour

  1. Correspondance, I, 81.
  2. Correspondance, lettres diverses à Edmond Leclerc (1841).