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De fait, la fortune lui est fidèle. À la Charte de 1830, et, plus tard, à la Paix, au Moniteur parisien, il coudoie les puissants. Il connaît Guizot, Duchâtel, de Gasparin et de Salvandy. Il rencontre Roqueplan, son ami et son directeur, Édouard Thierry, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Amédée Gabourd, Montalembert. Il est présenté à Michelet et invité chez mademoiselle Georges. Oui, vraiment, la conquête semble facile et les circonstances s’y prêtent. Il va réaliser ses rêves : il atteint Paris, le Paris qui pense et qui lutte, et qui est, pour lui, le sommet du monde.

Mais son désir s’épuise vite. Son cœur se ferme à l’ambition. L’ennui le domine. Il est triste et désemparé au sein même du succès. Ses espérances politiques lui semblent mesquines. Il y renonce, de dégoût. Il doute de tout : des intelligences et des hommes. La route, si brillante, où il s’était engagé d’un pas ferme, est obscurcie soudain par tous ces doutes. Il s’arrête, brisé, vaincu sans avoir lutté. « Illusion de ma jeunesse, écrit-il, généreux désirs et généreuse fierté de mon âme, orgueil de l’honneur, orgueil du devoir, dévouement, amitié, amour, tout était souillé, tout expirait, tout allait être anéanti. » De la religion, il ne connaissait rien. Il la respectait, sans plus. Sa mère, autrefois, par un reste de confiance, lui avait enseigné une prière et l’avait envoyé à la messe ;