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pièce ? L’étude assistait, vibrante, à la première C’est ainsi, sans doute, que Veuillot connut et admira Léontine Fay qu’il devait rencontrer plus tard. C’était une artiste de renom. Elle jouait, aux applaudissements du Tout-Paris d’alors, Yelva ou l’Orpheline russe, vaudeville de Scribe et Devilleneuve.

Veuillot avait déjà le goût des lettres. Il s’éprit plus que jamais de littérature et d’histoire. Il travaillait sans répit. « Écoutez-moi bien, disait, il y a quelques jours, M. Ernest Lavisse aux écoliers de Nouvion-en-Thiérache, écoutez-moi bien, car je vais vous donner un conseil que j’ose dire très précieux : quel que soit votre emploi, où que vous logiez votre jeunesse, que votre chambre soit éclairée par une fenêtre ou par une lucarne ; ayez une planche à mettre des livres ! » Et l’éminent académicien finissait ainsi son allocution : « Je maintiens mes conseils, j’y insiste et je termine en vous recommandant encore une fois la planche aux livres. Je promets d’en donner une à celui qui me la demandera, une belle planche peinte et même vernie. »[1] M. Ernest Lavisse aurait pu citer aux écoliers de Nouvion-en-Thiérache l’exemple du petit Louis Veuillot. Il avait la passion des livres. Il eut sacrifié bien des joies pour s’en procurer un. Comme il était actif, intelligent et débrouillard, il

  1. Le Temps, 6 octobre 1913.