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mais le plus arrêté de tous les grands projets formés autour de son berceau fut de lui apprendre à lire, afin sans doute que, quand l’âge serait venu, pour lui aussi, d’aller chercher son pain vers le monde, le père et la mère, informés des vicissitudes de sa destinée, ne le perdissent pas tout à fait. »[1]

Si je vous ai cité ces lignes que vous connaissez déjà, c’est qu’elles me plaisent plus que d’autres pour ce qu’elles expriment de force confiante et saine. Cet ouvrier bourguignon, chemineau du travail, il semble qu’on le voit marcher en plein soleil sur la route blanche. Il est robuste et bon garçon. L’outil lui est léger. Il compte sur lui-même et l’avenir ne l’effraie pas. De toute sa force il va vers la vie. Veuillot le reconnaît. Il le salue avec une respectueuse émotion. C’est un premier trait, et un des plus riches, de son caractère : il accepte avec franchise sa lignée. Il trouve ici la source de sa vigueur physique et de sa noblesse d’âme. Il est de souche puissante, étant du peuple : du peuple qui peine sans tristesse, intarissable de courage, de bonne humeur et d’entrain. Veuillot gardera de ses origines une énergique volonté de travail, un constant respect des hiérarchies sociales, un amour ardent des humbles, et l’orgueil de sa descendance ouvrière, l’orgueil des

  1. Rome et Lorette. — Édition Mame, pp. 10 et 11.