Louis Veuillot
L’Homme[1]
Monseigneur,[2] Mesdames, Messieurs,
Lorsque, Monseigneur, vous m’avez fait l’honneur de me demander cette conférence, je ne connaissais guère de Louis Veuillot que l’admirable article de Jules Lemaître. J’avais lu, au hasard d’une bibliothèque, les Couleuvres et le délicieux Corbin et d’Aubecourt, les Pensées, substance de l’œuvre de l’illustre écrivain, et quelques pages des Mélanges où j’avais essayé d’apprécier sa manière. Tout cela est déjà très loin. Je savais l’influence qu’exerça Louis Veuillot, et la place qu’il occupe parmi les prosateurs français du xixe siècle. Je connaissais ses luttes et pourtant je ne le connaissais pas lui-même, parce que j’ignorais sa vie. C’est assez le sort des moralistes d’être ainsi méconnus. Aussi bien, apparaît-il encore à plusieurs d’entre nous comme un soldat de la foi, lutteur