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Maintenant, j’ai reconstruit pièce à pièce ma maison ravagée par le feu ; je la crois capable de durer, d’abriter du bonheur… Espérons ! Agissons. »

Il agit. Il s’oriente. Ne parlons pas des affaires : finance, bourse, industrie, commerce ; rien ne l’attire de ce côté. Le barreau l’ennuie : s’épuiser chaque jour au service des autres. Le métier militaire, le journalisme, à quoi bon ? Reste la politique, les bras toujours ouverts de la politique. Il s’y jettera. Il sera l’élu du peuple, excellent point d’appui d’où s’élancer. Il se laisse porter à Lervin contre M. Palandier, un avare et qui vieillit. Il croit être un candidat convenable ; très souple, accommodant, riche, et suffisamment éloquent pour affirmer qu’il n’a pas l’habitude des grandes phrases… et pour en faire, à l’occasion. Il passe, au second tour. Premier bonheur que lui apporte l’action. À dire vrai, il en est un peu déçu. Les nécessités de cette existence de lutte à outrance, où il faut souvent marcher sur soi-même, et, parfois, se faire une arme de la souffrance des autres, le chagrinent et le blessent. Il s’étonne surtout de ce qu’il faut laisser dire et faire : c’est la cause qui commande. Et puis, après tout, son sort est-il plus pénible que celui d’un autre ? Il agit ! L’action ne permet pas qu’on s’attarde à des hésitations sentimentales. Il est gardien des intérêts de la nation. Il porte une auréole : il l’a bien vu