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les fatigues surhumaines d’un apostolat de dix ans, et plusieurs fois frôlé par la mort, il avait enfin consenti à se soigner. Mais le repos était pour une telle nature un trop pénible effort, aggravé de remords. Ne s’imaginait-il pas, dans le silence de la halte, entendre au fond de son cœur la voix qui condamne le serviteur inutile ? C’est alors qu’il se résolut à produire l’une des œuvres de longue haleine dont il portait en lui le dessein. » L’œuvre est intitulée : Vie d’un heureux. Des mains pieuses l’ont publiée, peu de temps après la mort de l’auteur. Elle porte deux dates : 24 février, 17 juillet 1914. Les dernières lignes en furent écrites quelques jours seulement avant la mobilisation générale des armées ; elles sont encore chaudes de la pensée d’Henry du Roure. Il se pressait, comme s’il eût entendu l’appel prochain du clairon passer sur la grande ville, comme s’il eût senti, sur son front penché, le frôlement du drapeau, tout seul, dans la nuit. Jean des Cognets et Léonard Constant, ses amis, ont, dans une très belle préface, en des pages d’une émouvante sincérité, marqué les étapes suprêmes, parcourues avec une décision que rien ne pouvait troubler, par le jeune écrivain-soldat, pour « atteindre jusqu’au rendez-vous de la mort. »

La Vie d’un heureux, c’est le journal d’un homme arrivé, d’un homme politique, puissant roi du jour,