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Défenseur d’idées, hommé d’action avant tout, Henry du Roure s’était tenu éloigné de la littérature, objet de ses premières aspirations. Tout l’y destinait : ses qualités d’observation, sa facilité, la maturité de son esprit. Il se sentait pourtant attiré vers l’œuvre d’apostolat qu’il s’était imposé d’accomplir, à laquelle il sacrifiait toutes ses inclinations afin que rien ne vînt l’en distraire. L’heure était trop solennelle, et trop lourdes les responsabilités qui pesaient sur la jeune génération, pour que l’attention se détournât un seul instant du devoir immédiat. Il resta lié à sa noble tâche jusqu’à l’épuisement de ses forces. Maintes fois il a fait reculer la mort. La lutte semblait multiplier ses énergies : elle les raidissait dans la constance d’un effort quotidien. Lorsque le repos lui fut enfin ordonné, il le reçut fort mal. Il redoutait d’être inactif, ressentant une sorte de gêne à ne plus combattre. Il revint aux lettres, au roman ; mais il en tira un nouveau moyen de plaider, de convaincre. Il entreprit de faire servir la fiction au rayonnement de la vérité. « À aucun moment de sa vie, nous disent ses derniers éditeurs, il n’avait considéré que son talent d’écrivain lui appartînt plus en propre que son temps, son courage ou ses forces physiques. Sa plume, comme sa parole, n’avait été qu’une arme vouée à la cause qu’il servait en vrai chevalier. Épuisé cependant par