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AU GÉNÉRAL PAU

l’action ; et jusqu’aux sollicitations de l’art. Ce fut un faisceau. Ce travail plus obscur n’en fut pas moins admirable. Soldats, savants, penseurs, industriels, financiers, travailleurs et paysans, tous se firent le peuple ; et celle-là qu’il n’est pas permis de toucher d’un qualificatif de peur, comme on a déjà dit chez vous, « de peur de l’abîmer », qui assuma la tâche, dont la dualité paraît surhumaine, de souffrir et de consoler : la femme française. La France fut splendide. Elle a tenu pendant que les petits peuples avaient conscience de l’aider dans sa force en lui donnant leurs suprêmes résistances. Elle a tenu sitôt que la Belgique eut allumé sur les hauteurs de Liège les feux de son héroïque vigilance. Elle a tenu quand l’Angleterre, gagnée par les ressacs de cette formidable mêlée, forgeait par à-coups ses armées et gardait, presque seule, la liberté des mers. Elle a tenu jusqu’à ce que les Dominions habitués aux distances les franchissent et jusqu’à ce que l’un d’eux lui ramène ceux de son sang. Elle a tenu pour que l’Italie joignît à la justice de rester neutre le geste de ne pas demeurer impassible. Elle a tenu jusqu’au retour de Lafayette, jusqu’au jour où les États-Unis, cessant d’être un pays jeune, lui ouvrirent les ressources de leur impatiente énergie. Elle a barré la Marne, dressé Verdun, pavé les plaines du Nord. Elle a tenu : elle tiendrait encore. Et,