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POUR LA CROIX ROUGE

une chose si nouvelle que cette consolation ? En 1870, alors que la France était seule, le même mouvement du cœur portait vers elle notre population. Pendant toute cette guerre, et encore aujourd’hui qu’elle a passé, la Croix-Rouge réquisitionna les volontés ; la Croix-Rouge qui fait ce soir sa dernière demande ; qui vous remercie, monsieur, de lui avoir apporté votre reconnaissant appui, qui se réjouit de trouver dans cet auditoire, comme aux jours de plus grande détresse, une sympathie unanime.

Dans le conflit qui s’achève, deux civilisations enfantées par une longue tradition se sont heurtées ; l’une basée sur l’idée de puissance, d’abord créatrice d’union, puis, contre le reste du monde, inspiratrice de domination et de conquête ; l’autre préoccupée depuis toujours d’humanité. Le Canada français, comme il était naturel, a choisi ce dernier parti qui fut le sien depuis son origine. Il a combattu pour la liberté des petits peuples. S’il a accompli quelque chose par ses soldats, ses ressources et ses œuvres ; s’il n’a espéré de cette guerre que la gloire ; s’il a rêvé aussi lui de poursuivre ses destinées qui sont canadiennes et françaises et de conserver à son pays le génie de sa race ; qu’on lui accorde au moins ce que Albert le Grand, généralissime et Roi des Belges, vient de donner à ses sujets, l’égalité du droit et, fut-elle seule, la satisfaction de la justice.