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LA TRADITION FRANÇAISE

À tous ces accueils, ce fut le même Canada, apitoyé et résolu, ouvert aux plus hautes idées, soucieux des plus nobles devoirs ; universel et français ; archaïque juste ce qu’il en faut pour qu’on s’en aperçoive ; assez du dix-septième siècle pour être encore de son temps. C’est un mérite. Ceux qui savent son histoire, qu’il lui a fallu faire et non pas seulement vivre ; ceux qui négligent les légendes et qui le regardent, non plus dans cette seule tourmente dont le terme a lui, mais dans le tissu de ses résistances, né de la France et lié par toutes ses fibres à ses origines, reconnaissent qu’il fut grand d’apporter à la cause commune des forces pourtant blessées.

Dans la mêlée, il a jeté des soldats. Volontairement d’abord, en pleine et indiscutable liberté ; et suffisamment pour qu’un auteur français ait pu écrire son étonnement de les voir si nombreux. Sous le régime de l’obligation ensuite, et tellement que la statistique enfin dévoilée a arraché à ses détracteurs un aveu qui vaut une excuse. Mais pourquoi ces querelles ? Et quand on aura tout compté, qu’aura-t-on enlevé à ces unités : le 14ème le 24ème et d’autres, et à celle-là que nous mentionnons toujours parce que, à un moment de la lutte, elle fut notre armée, toutes nos armées, mur de vies humaines sans cesse reconstruit sous la mitraille, toujours à l’attaque, ignorée du repos, qui