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POUR LA CROIX ROUGE

a désigné. Souffrez que nous inscrivions votre nom au tableau de nos combattants.

Vous nous avez raconté ce que vous avez vu ; avec chaleur, dans la sobre clarté de vos souvenirs. Nous vous devons une vive émotion ; et si nous étions du xviième siècle, de l’ombre de Rambouillet, nous risquerions d’affirmer que vous nous avez captivés de votre captivité. Mais voilà : patoisants des neiges du Nord capables de lire Bossuet, sommes-nous du xviième siècle ?

Interrogeons cette salle où s’agitent encore des échos de la guerre. Ce fut, un soir d’automne, la Belgique acclamée, saluée d’une sympathie ardente, assurée d’un indéfectible espoir. Plusieurs fois, ce fut le nom de la France longuement répété, recevant l’hommage filial d’une confiance que l’événement n’a jamais démentie. Puis l’Amérique, alliée de demain, d’où l’un des nôtres encore, sacré par la renommée, venait jusqu’à nous chercher notre main. Plus tard, debout devant le représentant de la Couronne anglaise, ce fut le peuple prenant l’engagement d’écarter la misère des foyers laissés sans soutien par l’appel des armes. Ce soir, la guerre terminée, c’est le signe de la Croix-Rouge qui rallie les âmes, qui confond les volontés dans une élan d’humanité vers les douleurs qui achèvent de payer la victoire.