Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
POUR LA CIVILISATION FRANÇAISE

sement d’une force totale, impérieuse, innée, désormais indéniable, comme une sève.

C’est toute la France qui combat, redoutable et décidée, la France immortelle, grandie du passé, et tournée vers l’avenir où déjà elle enfante dans sa douleur résolue. Lorsque des mains pieuses placent sur l’uniforme du général Pétain récemment promu les étoiles du général de Sonis, ces étoiles font pénétrer jusqu’au cœur qu’elles reconnaissent un même rayon d’histoire. La nation est unanime : les vivants dans leur volonté de sacrifice ; les morts, dans le repos glorieux d’une même pensée. Au geste héroïque des soldats de France répondit la piété de la consolation féminine. La guerre prenait les hommes et ramenait des blessés, et ce fut en pleurant silencieusement les disparus que les femmes sourirent aux blessés. Harmonie de la souffrance : la France, vivant de toutes ses fibres, luttait ainsi, dans un sublime renoncement, par la force et par l’amour, l’amour récréant la force, la force défendant l’amour.

Ce n’est pas la seule beauté du spectacle français. La vie, la petite vie, si pacifique en ses continuels recommencements de persévérant labeur, s’élargit soudain, devint la grande vie nationale mue par ce seul principe : l’âme du peuple. Si pauvre que soit l’existence quotidienne, elle rattache à la vie. Aucun cœur n’est si dépourvu qu’il ne trouve quelque