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LA TRADITION FRANÇAISE

parlons, que nous avons apprise de Corneille et de Racine, de Molière et de La Fontaine, ou que nous avons gardée du passé, pure et vieillotte comme un bijou de famille. Ce sont là des titres à la justice ; ce sont là des droits. Et si nous servons l’esprit français, si nous demandons à la France de nous verser sa culture, c’est pour que s’affirme mieux encore et plus complètement en nous notre filiation et sa survivance, et que l’on nous respecte à l’égal d’elle-même.

De cette civilisation, enfin, plusieurs avaient médit qui la connaissaient mal. Hier, au sein de la paix, qu’eussions-nous rêvé pour la France ; que demandions-nous pour elle, lorsque sur l’Europe sourdement agitée planait la menace d’une pluie de sang ? La voir, fidèle à elle-même, continuer son histoire, prouver sa vitalité, être la France. Cet espoir, elle l’a réalisé : noblesse oblige, commande et obéit. Ceux qui s’étonnent de la voir aussi grande en éprouvent une satisfaction qui confirme leur secrète espérance ; ceux qui ont douté d’elle la remercient de leur avoir rendu la foi ; ceux que rien n’avait ébranlés l’acclament de toute la sûreté de leur cœur ; — mais il n’en est pas un qui ne la retrouve. La France, actuellement, c’est le triomphe d’un grand fait ; l’affirmation éclatante de la vérité, un enchaînement logique d’idées, l’épanouis-