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POUR LA CIVILISATION FRANÇAISE

l’épée à la main. Si nous sommes de cette civilisation ; si nous touchons à la France par nos origines ; si c’est dans un souffle de bataille et de victoire que la France nous donna son dernier baiser ; ne pouvons-nous pas demander qu’on la reconnaisse en nous qui essayons de la perpétuer ici même ? Notre histoire remonte plus haut encore que Cartier et Champlain qui se rattachaient à tout le passé de la France. Depuis 1763, les liens qui nous unissent, pour n’être plus politiques, n’en sont pas moins touchants et sacrés. Ces liens se précisent même en des souvenirs historiques : Chateaubriand chanta nos solitudes, Lacordaire rêva de nos horizons immenses, Montalembert connut notre constitution, Veuillot écrivit sur nous une page robuste. Ce que Victor Hugo demandait à la France, un tombeau, nos morts le possèdent : à Rouen, Cavelier de la Salle ; au Hâvre, Octave Crémazie endormi devant la mer qui lui redit le vers de Fernand Gregh :

Chaque brin d’herbe est frère, ici, d’un de tes mots…

Sur l’Arc de Triomphe, au-dessus du Départ, on peut lire, gravé, un nom canadien-français. Enfin, sur les champs de bataille la soudure s’est faite, une soudure autogène, dans le même sang répandu pénétrant la terre de France. Ces souvenirs, et bien d’autres, nous les conservons jalousement. Ils passent de père en fils dans la langue que nous