Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
LA TRADITION FRANÇAISE

qu’Étienne Lamy dise les titres de noblesse de la langue française ou que Gabriel Hanotaux raconte la France toujours vivante et présente, c’est l’idéal que tous ils prêchent aux peuples, la force de l’idée, la victoire suprême de la foi, l’enthousiasme créateur du dévouement. Seul un Français a pu écrire cette phrase : « Quand le laboureur a labouré, quand le chasseur a chassé, quand le tisserand a tissé, il s’asseoit devant sa maison et il rêve : c’est l’heure féconde où il vit sa vie ».

Que nous sommes loin du matérialisme asséchant où s’épuisent vainement des forces aveugles ; et loin encore de cette discipline que récompense une croix de fer et qui coucha la volonté sous le pas de parade. Civilisation très haute que cette civilisation française, reconnue par Goethe et par Nietszche, qui bien souvent à travers l’histoire hanta l’âme obscure des Germains. Ils s’y dérobèrent au profit d’une philosophie implacable, orgueilleuse et hautaine. « L’Allemand haït le Français, disait l’un d’eux ; mais il aime le vin de France ». Ils ont gardé la haine, et le vin de France ne les a pas exaltés.

C’est à la civilisation française que, plusieurs fois, le roi Georges v rendit un officiel hommage ; que le Times adressa l’admiration repentante de tout un peuple ; que le poète Rudyard Kipling consacra des lignes vibrantes où la France apparaît, debout,