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POUR LA CIVILISATION FRANÇAISE

apprendre les mots du livre quelle leur tend et l’espoir de l’horizon où son geste se lève.

Civilisation faite surtout de clarté, d’ordre et de raison. Elle germa d’un sol généreux, où s’affermit l’image de la patrie, dans la rude poésie des chansons de gestes, sur les lèvres saintes de Jeanne d’Arc, au sein de la Renaissance où l’Antiquité fut renouvelée, dans l’esprit de Descartes et la pensée de Pascal, dans l’éloquence de Bossuet prolongée jusqu’au xixe siècle où elle reparaît dans les vers romantiques des Méditations et des Odes, dans l’ironie des philosophes ou la voix grave des orateurs politiques, dans l’éclosion des temps modernes où le bouillonnement des idées devait s’apaiser pour une harmonieuse résistance.

La France eut toujours le culte des idées, des idées exprimées en fonction de l’humanité. C’est en 1908 que j’entendis ces mots, tombés de la bouche de Paul Deroulède : « Et c’est parce qu’il y aura toujours des Français pour aller se faire tuer sous les drapeaux que je crois à l’immortalité de la patrie, comme je crois en Dieu, quand même ! » Que Raymond Poincaré ou Ferdinand Brunetière définissent l’idée de patrie, que le grand philosophe Boutroux dégage les éléments de sociabilité, de finesse et de sensibilité où se forma la pensée française, que Paul Deschanel en pleine guerre et sous la Coupole formule les commandements de la patrie,