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LA TRADITION FRANÇAISE

tout de suite qu’elle est une question nationale. Notre sort est de combattre pour survivre. Dans cette arène, plus peut-être que dans toute autre, nous ne pouvons pas être inférieurs. Nous devons accepter les armes que la lutte elle-même a forgées : connaître la science qui maîtrise les mondes ; conquérir l’indépendance que la richesse assure, et montrer que rien de notre génie ne s’oppose à ce que nous tenions sur ce terrain pratique des affaires une place qui soit digne de nous. Et ce que nous admirons en vous, monsieur, c’est d’avoir triomphé de cette sorte. Votre succès démontre magnifiquement ce que nous croyons être une vérité nécessaire.

Enfin, nous portons le poids d’une civilisation que nous avons promis de perpétuer. C’est un lourd fardeau : c’est porter un grand nom. Nous sommes Français, non seulement par la langue, mais par nos façons de sentir et de nous exprimer, par nos manières, par nos hésitations, par notre réserve, et, si vous voulez, par nos aimables défauts. À tout cela nous restons fidèlement attachés. C’est l’héritage que nous avons recueilli, en entier. Mais si nous voulons garder notre innéité et faire triompher notre filiation française, si nous voulons qu’on nous respecte et que les droits que nous avons acquis au prix de tant de peines ne soient pas violés ; si nous voulons manifester dans toute sa